La classe inversée, une rupture pédagogique?
La classe inversée « Flipped classroom » ou l’enseignement inversée « Flipped teaching » a été inventée par l'américain Salman Khan en 2006 - il était alors analyste financier - lorsqu'il a commencé à mettre des vidéos en ligne pour que ses cousins puissent réviser leurs cours de mathématiques. Il a ensuite créé en 2009 son propre site éducatif, la Khan Academy, qui dispose aujourd'hui d'une banque de données de plus de 4500 vidéos visibles gratuitement.
Une lecture plus large de la classe inversée consisterait également à envoyer des modules vidéo en amont avec des consignes et utiliser le temps de la classe pour travailler sur un projet ou une situation problème qui permettrait de créer des interactions entre le groupe classe et le professeur. Dans l'absolu, il ne s'agit pas de faire de la classe inversée systématiquement ni d'envisager un processus de substitution progressive de l’enseignant par ce nouveau format qui aboutirait à la disparation de facto du cours dit classique en présentiel. Ce format pédagogique doit donc être pensé selon les besoins, notamment dans le cadre d'une gestion de projet particulièrement chronophage. Elle peut consister à enregistrer des consignes. Alors, la pédagogie inversée, constitue -t –elle une rupture pédagogique majeure appelée à faire date ? Dans une perspective minimaliste et utilitariste, la plue- valu pédagogique repose ici sur le gain de temps et une mise en route rapide de l'activité. Au regard de l’acte d’enseigner, il importe de questionner le nouveau rapport aux savoirs que ce format pédagogique implique.
En revanche les bouleversements sur le long terme du point de de vue porteraient davantage sur l'organisation spatiale de la classe. La rupture est également temporelle car la classe n’est plus pensée uniquement à l’échelle de l’heure de cours. A long terme, cette pratique pédagogique pourrait transformer l'acte d'enseigner. A cet égard, si le débat sur son impact pédagogique n’est pas encore tranché par la recherche, elle entraine incontestablement un changement de posture car on passe d’un modèle centré sur le professeur à un modèle centré sur l’élève.
Pour l’élève, le renversement de perspective est considérable. Il ne s’agit plus de subir le cours mais de l’anticiper. Les notions nouvelles peuvent être enrichies grâce aux liens de consultation et d'approfondissement supplémentaires et facultatifs proposés par l'enseignant. On aboutit ainsi à la construction d’un réseau de connaissances référencées sur l’ENT, que l’élève peut remodeler à son gré. Les séances ne sont plus compilées, linéairement classées dans le cahier ou le classeur. On pourra objecter que ce format nécessite plusieurs années de production et qu’une solide coordination pour une pratique intégrée des équipes est souhaitable.
La question du rythme de l’élève est essentielle. L’élève fixe sa cadence, fait des pauses, revoit la vidéo ou réécoute le document audio autant de fois que de besoin. Les points clés sont alors notés et l’ENT ou le mail peuvent être mobilisés pour poser des questions aux élèves de la classe ou au professeur. L’élève peut aussi discuter en ligne avec ses pairs ou ses professeurs (via un forum ou une boîte mail) pour vérifier la bonne compréhension des notions abordées et développer ainsi ses facultés de communication en classe. Cette démarche suppose un travail personnel systématique de l’élève à la maison. La stratégie reste à définir pour stimuler les élèves en délicatesse avec le travail scolaire.
Inversement, dans le cadre de l’espace fermé de la classe, le temps imparti ne permet pas toujours à l’élève de réagir promptement aux difficultés. L’enseignant ne dispose pas nécessairement du temps pour répondre aux sollicitations de tous les élèves.
Le temps « réel » et l’espace « physique » sont alors repensés pour développer un nouveau format pédagogique centré autour de la remédiation, l'interaction, la collaboration l'entraide et la coopération(en cas de construction collaborative de la notion proposée). Ces démarches sont d’autant plus favorisées que chaque élève a construit son corpus d’informations à échanger avec sa classe. La confrontation de regards croisés, la déconstruction des points de vue permettent alors de développer de nouvelles compétences et d’accéder aux savoirs, non plus par une transmission verticale et descendante émanant uniquement du professeur. Dans le cadre de ces pédagogies coopératives et collaboratives, l’élève apprend de son enseignant mais aussi de l’échange avec ses pairs.
Au final, l’autonomisation dans les apprentissages est au cœur de cette approche. Il apparaît aussi nécessaire à l’enseignant de penser collectivement et collégialement l’organisation de son travail.
Cette pratique pédagogique permettrait aussi de renforcer les compétences que les élèves doivent acquérir par un usage pertinent et réfléchi des technologies de l'information et de la communication
L'enseignant aide, suit, accompagne les élèves individuellement par le biais de discussions en ligne. Il acquiert alors une vision plus fine des difficultés rencontrées. Il peut proposer des ressources ou des aides adaptées selon les profils d'apprentissages. Il répond ainsi à des questions que les élèves se posent.
En classe, l’enseignant a plus de temps pour aider les élèves individuellement et a plus de possibilités pédagogiques pour mettre en place des situations problèmes, proposer des démarche d'investigation et des méthodes actives basées sur l'observation et/ou l'expérimentation.
Le positionnement de l'enseignant évolue de celui de détenteur de l'information à celui de «coach » des apprentissages, aidant à faire développer les compétences qui permettent aux élèves d'accéder aux savoirs et de se construire leur savoir. On passe du « face à face au côte à côte ».
Les premiers retours d’expérience interrogent d’emblée en termes d'impact sur la professionnalité enseignante et sur le « Chronophage, nécessitant des heures de formation ». En effet, la principale question invoquée par les enseignants est celle du temps. La réponse au caractère chronophage de cette pratique réside dans le travail en équipe et la mutualisation des pratiques. Une question demeure néanmoins : les équipes pédagogiques seront –elles au diapason pour bâtir un projet collectif et mutualiser leur production ? Au contraire, la pédagogie inversée ne sera-t-elle pas un accélérateur de des fractures pédagogiques au sein des équipes enseignantes d’un établissement ? Le leadership pédagogique du chef d’établissement jouera sans doute un rôle plus que central dans l’impulsion de cette démarche.
Outre la gestion du temps, la classe inversée questionne aussi les modalités de construction de la connaissance. La priorité n'est plus accordée en termes de support aux manuels mais au contenu audio et vidéo sélectionnés. En créant ses propres ressources, l’enseignant devient producteur de contenu. De nouveaux gestes professionnels sont pratiqués. Faire du montage audio, s'enregistrer systématiquement sont des approches peu communes. Au regard de la construction de nouvelles compétences techniques requises, la dimension créative portée par la classe inversée relève donc d’une démarche d’évolution professionnelle.
Elle interroge sur la prise de parole du professeur qui n'est plus exclusivement orientée sur la délivrance d'un savoir vertical, descendant, « monarchique ». A travers la gestion à distance des projets, le « coaching » des groupes, l’enseignant étaye de nouvelles compétences qui contribuent au développement d’une nouvelle professionnalité.
La classe inversée constitue un levier potentiel pour casser le moule uniforme d’un savoir identique transmis à l’ensemble d’une classe, faisant abstraction des difficultés des élèves et des différences de niveaux. La possibilité se présente ainsi pour différencier la pédagogie, adapter les enseignements aux différents groupes en fonction des projets. Un module vidéo permet de faire travailler les élèves sur des compétences différentes. Maitre du scénario et de la production du discours, l’enseignant crée les situations problèmes en fonction des profils pédagogiques. Il s'agit donc d'un outil pour individualisation des apprentissages. Des expérimentations sont notamment en cours pour en faire un levier afin de lutter contre le décrochage, et permettre le raccrochage à travers la prise en compte du rythme de l'élève.
La classe inversée « Flipped classroom » ou l’enseignement inversée « Flipped teaching » a été inventée par l'américain Salman Khan en 2006 - il était alors analyste financier - lorsqu'il a commencé à mettre des vidéos en ligne pour que ses cousins puissent réviser leurs cours de mathématiques. Il a ensuite créé en 2009 son propre site éducatif, la Khan Academy, qui dispose aujourd'hui d'une banque de données de plus de 4500 vidéos visibles gratuitement.
- Le concept de la classe inversée
- Quel impact dans l'organisation des apprentissages?
Une lecture plus large de la classe inversée consisterait également à envoyer des modules vidéo en amont avec des consignes et utiliser le temps de la classe pour travailler sur un projet ou une situation problème qui permettrait de créer des interactions entre le groupe classe et le professeur. Dans l'absolu, il ne s'agit pas de faire de la classe inversée systématiquement ni d'envisager un processus de substitution progressive de l’enseignant par ce nouveau format qui aboutirait à la disparation de facto du cours dit classique en présentiel. Ce format pédagogique doit donc être pensé selon les besoins, notamment dans le cadre d'une gestion de projet particulièrement chronophage. Elle peut consister à enregistrer des consignes. Alors, la pédagogie inversée, constitue -t –elle une rupture pédagogique majeure appelée à faire date ? Dans une perspective minimaliste et utilitariste, la plue- valu pédagogique repose ici sur le gain de temps et une mise en route rapide de l'activité. Au regard de l’acte d’enseigner, il importe de questionner le nouveau rapport aux savoirs que ce format pédagogique implique.
- Une rupture pédagogique majeure, simple évolution ou retour au cours magistral dématérialisé ?
En revanche les bouleversements sur le long terme du point de de vue porteraient davantage sur l'organisation spatiale de la classe. La rupture est également temporelle car la classe n’est plus pensée uniquement à l’échelle de l’heure de cours. A long terme, cette pratique pédagogique pourrait transformer l'acte d'enseigner. A cet égard, si le débat sur son impact pédagogique n’est pas encore tranché par la recherche, elle entraine incontestablement un changement de posture car on passe d’un modèle centré sur le professeur à un modèle centré sur l’élève.
- Les éléments qui plaident pour une démarche innovante
Pour l’élève, le renversement de perspective est considérable. Il ne s’agit plus de subir le cours mais de l’anticiper. Les notions nouvelles peuvent être enrichies grâce aux liens de consultation et d'approfondissement supplémentaires et facultatifs proposés par l'enseignant. On aboutit ainsi à la construction d’un réseau de connaissances référencées sur l’ENT, que l’élève peut remodeler à son gré. Les séances ne sont plus compilées, linéairement classées dans le cahier ou le classeur. On pourra objecter que ce format nécessite plusieurs années de production et qu’une solide coordination pour une pratique intégrée des équipes est souhaitable.
La question du rythme de l’élève est essentielle. L’élève fixe sa cadence, fait des pauses, revoit la vidéo ou réécoute le document audio autant de fois que de besoin. Les points clés sont alors notés et l’ENT ou le mail peuvent être mobilisés pour poser des questions aux élèves de la classe ou au professeur. L’élève peut aussi discuter en ligne avec ses pairs ou ses professeurs (via un forum ou une boîte mail) pour vérifier la bonne compréhension des notions abordées et développer ainsi ses facultés de communication en classe. Cette démarche suppose un travail personnel systématique de l’élève à la maison. La stratégie reste à définir pour stimuler les élèves en délicatesse avec le travail scolaire.
Inversement, dans le cadre de l’espace fermé de la classe, le temps imparti ne permet pas toujours à l’élève de réagir promptement aux difficultés. L’enseignant ne dispose pas nécessairement du temps pour répondre aux sollicitations de tous les élèves.
Le temps « réel » et l’espace « physique » sont alors repensés pour développer un nouveau format pédagogique centré autour de la remédiation, l'interaction, la collaboration l'entraide et la coopération(en cas de construction collaborative de la notion proposée). Ces démarches sont d’autant plus favorisées que chaque élève a construit son corpus d’informations à échanger avec sa classe. La confrontation de regards croisés, la déconstruction des points de vue permettent alors de développer de nouvelles compétences et d’accéder aux savoirs, non plus par une transmission verticale et descendante émanant uniquement du professeur. Dans le cadre de ces pédagogies coopératives et collaboratives, l’élève apprend de son enseignant mais aussi de l’échange avec ses pairs.
- Construire le cours à l'aide de nouveaux supports
Au final, l’autonomisation dans les apprentissages est au cœur de cette approche. Il apparaît aussi nécessaire à l’enseignant de penser collectivement et collégialement l’organisation de son travail.
Cette pratique pédagogique permettrait aussi de renforcer les compétences que les élèves doivent acquérir par un usage pertinent et réfléchi des technologies de l'information et de la communication
- Du côté des enseignants : innovation pédagogique ou transformation de la professionnalité enseignante ?
L'enseignant aide, suit, accompagne les élèves individuellement par le biais de discussions en ligne. Il acquiert alors une vision plus fine des difficultés rencontrées. Il peut proposer des ressources ou des aides adaptées selon les profils d'apprentissages. Il répond ainsi à des questions que les élèves se posent.
En classe, l’enseignant a plus de temps pour aider les élèves individuellement et a plus de possibilités pédagogiques pour mettre en place des situations problèmes, proposer des démarche d'investigation et des méthodes actives basées sur l'observation et/ou l'expérimentation.
- Quelles postures pour l'enseignant dans la classe inversée?
Le positionnement de l'enseignant évolue de celui de détenteur de l'information à celui de «coach » des apprentissages, aidant à faire développer les compétences qui permettent aux élèves d'accéder aux savoirs et de se construire leur savoir. On passe du « face à face au côte à côte ».
Les premiers retours d’expérience interrogent d’emblée en termes d'impact sur la professionnalité enseignante et sur le « Chronophage, nécessitant des heures de formation ». En effet, la principale question invoquée par les enseignants est celle du temps. La réponse au caractère chronophage de cette pratique réside dans le travail en équipe et la mutualisation des pratiques. Une question demeure néanmoins : les équipes pédagogiques seront –elles au diapason pour bâtir un projet collectif et mutualiser leur production ? Au contraire, la pédagogie inversée ne sera-t-elle pas un accélérateur de des fractures pédagogiques au sein des équipes enseignantes d’un établissement ? Le leadership pédagogique du chef d’établissement jouera sans doute un rôle plus que central dans l’impulsion de cette démarche.
- Classe inversée et nouvelles temporalités des phases d'apprentissage
Outre la gestion du temps, la classe inversée questionne aussi les modalités de construction de la connaissance. La priorité n'est plus accordée en termes de support aux manuels mais au contenu audio et vidéo sélectionnés. En créant ses propres ressources, l’enseignant devient producteur de contenu. De nouveaux gestes professionnels sont pratiqués. Faire du montage audio, s'enregistrer systématiquement sont des approches peu communes. Au regard de la construction de nouvelles compétences techniques requises, la dimension créative portée par la classe inversée relève donc d’une démarche d’évolution professionnelle.
Elle interroge sur la prise de parole du professeur qui n'est plus exclusivement orientée sur la délivrance d'un savoir vertical, descendant, « monarchique ». A travers la gestion à distance des projets, le « coaching » des groupes, l’enseignant étaye de nouvelles compétences qui contribuent au développement d’une nouvelle professionnalité.
- Différenciation pédagogique et gestion de l’hétérogénéité.
La classe inversée constitue un levier potentiel pour casser le moule uniforme d’un savoir identique transmis à l’ensemble d’une classe, faisant abstraction des difficultés des élèves et des différences de niveaux. La possibilité se présente ainsi pour différencier la pédagogie, adapter les enseignements aux différents groupes en fonction des projets. Un module vidéo permet de faire travailler les élèves sur des compétences différentes. Maitre du scénario et de la production du discours, l’enseignant crée les situations problèmes en fonction des profils pédagogiques. Il s'agit donc d'un outil pour individualisation des apprentissages. Des expérimentations sont notamment en cours pour en faire un levier afin de lutter contre le décrochage, et permettre le raccrochage à travers la prise en compte du rythme de l'élève.